Il était une fois… 

Le retour de la lumière

L’histoire que je vais vous raconter se passe à l’époque du solstice d’hiver, quand les blanches heures sont rares et que le sol se tisse un tapis de blancheur…

Par un soir de grand froid, Luce et Christophe s’étaient faufilés hors de la maison de leurs parents pour s’aventurer seuls dans la forêt. C’était la veille du jour de l’An et les deux enfants souhaitaient une chose plus que tout au monde : s’éloigner des lumières de la ville et contempler les étoiles qui scintillent.

Ils avaient attelé les chevaux et s’étaient blottis dans le traîneau. Ils avaient beau écarquiller les yeux, aucun astre ne luisait dans les cieux. Seule la petite flamme de leur lanterne éclairait tant bien que mal le sentier enneigé. Leur traîneau filait à bonne allure et, emmitouflés dans les couvertures, les enfants espéraient les étoiles…

Un grand vent se leva soudainement. Il se mit à souffler. Il se mit à hurler. Il souffla tant et tant sur la lanterne des enfants que la flamme s’éteignit et que tout devint gris.

La noirceur leur faisait peur, mais ce qui était encore plus effrayant, c’était d’autres hurlements. L’étrange chant du loup… Aouhhhh!

Les chevaux se mirent aussitôt à claquer des dents, les grelots à grelotter. Tout le bois était aux abois! Sur les genoux des enfants, les couvertes, vertes de peur, essayaient de se défaufiler. Les tuques s’énervaient à en perdre la tête. Et sans leur tuque, les enfants ne pouvaient faire autrement que de garder la tête froide.

De sa suave voix, la bête les rassura : « J’ai beau être carnivore, il n’y a pas de danger que je vous dévore! De loin, je me suis aperçu que votre lanterne n’éclairait plus, alors je suis accouru. Je voudrais vous aider et tenter de la rallumer. »

« Tant que ce n’est pas pour nous faire griller! », pensèrent les enfants.

Le loup se confia : « Tout le monde sait que les loups hurlent à la lune, mais les gens ignorent que, dans les forêts du Nord, ce sont nos hurlements qui attirent et attisent les étoiles du firmament. C’est grâce à nos chants qu’elles brillent si ardemment. »

Et il se mit à hurler! Les étoiles commencèrent alors à briller et à scintiller joyeusement. Les enfants s’émerveillaient de découvrir tant de beauté.

Une des étoiles se démarqua du lot. Le loup sauta alors de toutes ses forces pour tenter de l’attraper et, dans le photophore, subtilement la glisser. Sans y parvenir…

« Pourtant, de tous les animaux, c’est moi qui saute le plus haut », désespéra le loup.

Un renard qui passait s’insurgea haut et fort : « Comment ? ! Toi, le loup, tu sautes haut ? Tu es plutôt lourdaud! Tes hurlements sont fantastiques, mais quand il est question de gymnastique, je suis bien plus agile que toi. »

Et le renard sauta, sauta, de toutes ses forces pour tenter d’attraper l’étoile. Sans y parvenir…

Une petite voix se fit alors entendre. « Moi, je suis bien plus légère que vous, je peux peut-être atteindre l’étoile! » Une mignonne bête blanche sortit de derrière un bouleau blanc et s’avança sur la neige blanche. C’était la belette, en pelage hivernal.

À son tour, elle sauta, sauta de toutes ses forces pour tenter d’attraper l’étoile. Sans y parvenir…

Christophe et Lucie eurent une idée. « Il vous suffirait peut-être de vous entraider ? » Et ils soufflèrent leur plan à l’oreille des animaux.

Aussitôt, la belette escalada les épaules du renard. Le renard grimpa sur la tête du loup. Aouhhh! Ils étaient ainsi beaucoup plus près du ciel. Parce que de s’entraider, ça leur donnait des ailes!

De là-haut, la belette n’eut qu’à faire un bond pour atteindre l’étoile. Elle en décrocha un fragment pour le ramener aux enfants. Ce morceau d’étoile, cueilli à même le firmament, ranima la flamme de la terne lanterne. La lumière d’étoile scintillait, étincelait, éclaboussait partout, jusque sur le front des comparses qui se mirent aussitôt à valser et à taper du pied.

Les enfants entamèrent un chant : « J’ai vu le loup, le renard et la belette, j’ai vu le loup et le renard danser… »

Je ne sais pas si c’est à cause de cette aventure-là, mais le lendemain, il y eut un peu plus de lumière sur la Terre. Et le surlendemain et le jour suivant. Tranquillement, la lumière de l’étoile qui s’était posée sur le cœur des enfants continua de se propager. Il y eut tant et tant de clarté que les journées se mirent à rallonger…

À vous de conte-animer, de contaminer la luminosité!

Qui est Ariane Labonté?

Bachelière en création littéraire, naturaliste, marionnettiste, musicienne et conteuse, Ariane Labonté allie sur scène ses différentes passions. Elle conte depuis plus de 10 ans, aux adultes et aux jeunes du primaire et du secondaire.

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